22 avril 2020
Gombessa 5 : Rencontre avec un poisson lune par 135 m de fond
A l’occasion de l’annonce de la sortie prochaine du film Planète Méditerranée, retraçant l’expédition Gombessa 5, nous avons demandé à Laurent Ballesta de partager un moment qui l’avait inspiré :
« Aucun poisson ne ressemble au poisson lune. Si sa forme trahit qu’il n’est pas un grand nageur, il est en revanche un excellent plongeur. Pourquoi de telles plongées quotidiennes entre la surface et le fond ? Pour satisfaire à deux nécessités : en surface, prendre le soleil, puis au fond, sur les massifs coralligènes, bénéficier des poissons nettoyeurs. Bains d’UV sous les vagues ; soins cutanés au fond, on a les soins dermatologiques qu’on peut !
Il y a 50 ans, les poissons lune étaient beaucoup moins nombreux qu’aujourd’hui. Avec le réchauffement climatique, les méduses prolifèrent et les poissons lune ont davantage à manger. La nourriture est abondante et pourtant, il est de plus en plus rare de croiser des poissons lune géants, ceux qui atteignaient 3 m d’envergure pour plus de 2 tonnes. Pourquoi ? A cause des collisions mortelles avec les bateaux, de plus en plus nombreux eux-aussi. Il est statistiquement impossible dans la vie d’un poisson lune de ne jamais croiser le sillage d’un navire. Ironie des temps modernes : les poissons lune sont de plus en plus nombreux mais ils vivent de moins en moins longtemps…
Par 135 m de fond, ce poisson lune est serein ; mieux, il est soigné ! Le crénilabre nettoyeur s’en donne à cœur joie en mangeant les nombreux parasites qui infestent sa peau. Il faut dire que le poisson lune est dépourvu d’écailles, sa peau est fragile, sujette aux infections, convoitée par les parasites. Le soigneur est à l’œuvre, voilà de quoi redonner le sourire au poisson lune. Loin du cirque de la surface, le manège continue encore quand, sur la pointe des palmes, je commence à m’éloigner. Voilà déjà plusieurs jours que mes camarades et moi vivons à saturation, plus du tout pressés de remonter. Une fois n’est pas coutume, c’est moi qui suis parti. C’est toujours plus facile pour celui qui part. »