En 1ère classe océanographique
Voilà nous y sommes.
Après des mois de préparation, l’expédition Océan indien prend corps. Le navire quitte le port du Cap, plein de promesses de science, de découvertes et de rencontres. Je suis membre du comité qui conseille les Monaco Explorations pour l’expédition Océan Indien, cela me donne la chance d’être à bord du S.A. Agulhas II pour son transit initial depuis le port du Cap vers l’île Maurice. Une façon de prendre contact avec l’expédition, de partager ce qui sera sa base quotidienne pendant 1 mois et demi d’observations, de prélèvements, de mesures, de conditionnement d’échantillons. Le spectre d’étude est assez large et l’espace à étudier est exceptionnel.
Je relis la Baseline study, les chiffres et les descriptions donnent le tournis : Aldabra, Saya y Malha, immensités si peu connues, singularités dans l’océan, un rêve d’océanographe et une proie facile pour une exploitation irrationnelle. Enjeu de connaissance et enjeu de gouvernance, les deux sont liés. Le pari des Seychelles et de Maurice qui ont demandé et obtenu une juridiction conjointe sur le plateau continental des Mascareignes est une initiative remarquable, à la hauteur de ces enjeux. Elle mérite des contributions multiples. L’ambition de l’expédition est d’apporter la sienne.
Je ne suis qu’un observateur à bord. Pour observer quoi ? La campagne n’a pas commencé, les scientifiques et les étudiants embarqueront à Maurice et à la Réunion. Détrompez-vous, il y a déjà beaucoup de choses à voir. Le navire et son équipage, jusque dans l’intimité du briefing sauvetage, le furetage sur le pont technique et dans les laboratoires, la convivialité de la cambuse, le flegme du docteur. Et le leadership du « Master »
Les derniers préparatifs techniques se font en mer : communication satellite, test du ROV. Que dire sinon le sentiment de sérieux et technicité que m’inspire cette expérience.
Pas de doute, c’est au niveau des enjeux de l’expédition, on est en 1ère classe océanographique.
L’équipe des Monaco explorations est à bord, elle s’affaire. Détails de vie quotidienne à caler avec le bord, organisation matérielle des embarquements et des départs, protocole et visites aux escales, communication, aucun détail ne doit leur échapper. C’est l’environnement des scientifiques qui doit être au point et aussi la connexion de l’expédition avec les sociétés humaines concernées et le pouvoir politique.
Et puis il y a le Cap. Destination fantasmée par les images de la montagne tabulaire et l’obsession des 3 caps des grandes aventures maritimes. Pas de déception, la montagne est là, le port est vivant, les otaries et les oiseaux y sont omniprésents. Une surprise tout de même, l’armada internationale de navires de pêche qui s’y trouvent : Norvège, Japon, Chine, Corée du Sud, Ukraine, Russie… En nombre et tailles qui impressionnent.
Une fois en mer l’accueil l’expérience se poursuit, pétrels et albatros assurent une permanence autour du navire, un évent de baleine aperçu au loin, la mer qui s’agite et scintille dans une scène de chasse. Clin d’œil austral avant les eaux tropicales.
Olivier Laroussinie
Membre du comité d’organisation de la mission, il est directeur-délégué pour la planification maritime et les grands projets à la direction technique Risques-eau-mer du Cerema, établissement public d’expertise sous la tutelle du ministère français de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.