MISSION GOMBESSA 5 2019 – MEDITERRANEE
- ADN environnemental, Coralligène, Méditerranée, plongée profonde
Science, technique et aventure sous-marine
Laurent Ballesta, photographe, biologiste et chef d’expéditions et ses 3 compagnons, Antonin Guilbert, Thibault Rauby et Yanick Gentil, se sont lancés un défi inédit, celui de rester 28 jours d’affilée à une pression 13 fois supérieure à la normale, équivalente à une profondeur moyenne de 120 mètres. Le challenge : allonger considérablement le temps de plongée pour mieux explorer les écosystèmes profonds méconnus, habituellement peu accessibles aux plongeurs et sur des temps très courts. Challenge sportif, enjeux écologiques ou images uniques, cette expédition est un nouveau jalon dans l’histoire de la plongée sous-marine.
Que suis-je venu faire ici ? Explorer la mer ? Tout ce qu’on peut voir là, je le connais déjà. Je suis descendu à la poursuite d’un mirage, j’ai cédé au vertige de cette déchirure bleue et j’ai atteint le centre même du rêve.
L’AVENTURE SOUS-MARINE, Philippe Diolé, 1953
Objectifs
Les Explorations de Monaco et la Fondation du Prince Albert II de Monaco ont soutenu cette expédition aux multiples facettes, qu’elles soient d’ordre scientifique, physiologique ou encore promesses d’images révélatrices d’une vie sous-marine inconnue. Laurent Ballesta et ses partenaires ont collaboré avec plus d’une dizaine d’équipes scientifiques. Sur les sites explorés entre Marseille et Monaco, plusieurs types de manipulations et d’échantillonnages ont été réalisés selon des protocoles précis suivis par les plongeurs : cartographie de fonds marins, recherche d’espèces rares, étude des niveaux de pollution, prélèvements d’eau pour l’étude de l’ADN environnemental, échantillonnage de gorgonaires, etc.
Localisation
Le mariage des deux techniques
La plongée à saturation (confinement sous pression) et la plongée sportive profonde (utilisation de scaphandres recycleurs) apportent aux plongeurs la liberté d’explorer des espaces encore jamais visités pendant des heures. Ainsi, Laurent, Antonin, Thibault et Yannick ont séjourné dans une station bathyale en acier pressurisée (à la pression des fonds marins explorés, entre 7 et 13 bars).
400 heures de plongée
Les 4 plongeurs sortaient chaque jour à l’aide d’une tourelle sous laquelle ils récupéraient leurs recycleurs une fois sur site, puis ils partaient pour une plongée d’une à trois heures d’exploration. Seule limite dans le temps : la résistance au froid. Ils ont ainsi effectué 31 plongées, soit plus de 400 heures de plongée entre 60 et 144m de profondeur en l’espace de 28 jours.
Pièges à carbone ?
L’espace mésophotique, zone intermédiaire entre 60 et 180 mètres de profondeur située entre lumière de surface et obscurité totale des abysses, reste en grande partie à découvrir. Les explorateurs de Gombessa 5 décrivent des écosystèmes variés, caractérisés par une grande densité d’éponges, d’invertébrés et la présence d’algues calcaires en grande quantité. Des cloches benthiques ont été posées sur ces organismes à différentes profondeurs, pour mesurer en direct l’activité photosynthétique et la respiration. Le but : savoir si ces écosystèmes piègent le gaz carbonique ou si au contraire ils dégagent du CO2.
L’analyse des mesures effectuées est en cours et elle prendra plusieurs mois.
Quatre plongeurs… et une trentaine d’équipiers
Laurent Ballesta est photographe, biologiste et chef d’expéditions sous-marines. Il a déjà dirigé quatre autres expéditions Gombessa.
Antonin Guilbert est biologiste marin et plongeur professionnel. Il a participé à de nombreuses campagnes de cartographie, au suivi de la qualité et à la gestion de l’environnement marin.
Thibault Rauby est un plongeur instructeur, assistant éclairagiste. Une référence en termes de “plongée tech”, il a travaillé sur différents projets audiovisuels, dont chacun des documentaires des Expéditions Gombessa.
Yannick Gentil est un plongeur cadreur. Il est le cameraman attitré des expéditions Gombessa.
Photo de l'équipe Gombessa 5 à la sortie des plongeurs du caisson le 28 juillet 2019 ©Didier Théron
Échantillonnage de gorgones
Durant la mission, Laurent et son équipe ont collaboré avec le Centre Scientifique de Monaco (CSM) pour effectuer un travail sur cinq espèces de gorgonaires, parmi lesquelles le corail rouge. Des échantillons ont été prélevés lors de plusieurs plongées et ramenés à l’équipe de surface présente sur le catamaran qui a suivi la barge tout du long de la mission. Ces échantillons sont en cours de traitement au CSM pour des analyses d’écophysiologie et de génétique.
Des photographies précieuses
La grande liberté d’évolution et les temps de plongée prolongés ont facilité pendant la mission la prise d’images exceptionnelles, allant de décors naturels complétement vierges à des animaux rarement observés vivants dans leur milieu, tels que le Crabe élégant, le Barbier perroquet ou le Cardine ocellée. Ces espèces et bien d’autres encore n’ont jamais été photographiées auparavant. Toutes ces images feront l’objet d’une exposition photographique en 2020.
Un outil validé pour l’ADN environnemental
Déjà expérimentée lors de précédentes missions des Explorations de Monaco, l’ADN environnemental est une technique très prometteuse pour étudier les traces « génétiques » laissées dans l’eau de mer par les animaux sous-marins lors de leur passage à un moment donné, dans un endroit donné. Les traces d’ADN sont récupérées après filtration en milieu stérile de l’eau de mer, pompée à la profondeur voulue. Ces traces sont comparées ensuite à des cartes génétiques déjà connues. Au cours de la mission, les plongeurs de Gombessa 5 ont optimisé une nouvelle technique de prélèvement mise au point par Spygen, une société de biotechnologies, qui utilise un système de pompe de filtration en continu, fixé au plongeur ou à tout autre support. Cela a permis la filtration de 30 litres d’eau sur un parcours de 500 m et la méthode a été validée. Une technique prometteuse pour l’ADN environnemental.
Localisation
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