Portrait : Line Le Gall

 

Entretien avec à Line Le Gall, Professeure au muséum national d’histoire naturelle (MNHN), directrice des explorations scientifiques au MNHN et cheffe de mission des plongées hyperbares durant la campagne d’exploration « Océan Indien » organisée par Monaco Explorations. De retour de sa première plongée sur le banc de Saya de Malha, Line nous raconte ce qu’elle a vu ce matin sous l’eau. « L’île invisible » semble enfin prête à livrer quelques-uns de ses secrets.

Propos recueillis par Stéphane Dugast

 

– « Racontez-nous cette première plongée ?

– Line Le Gall : Avec mon binôme, nous avons plongé jusqu’à 42 mètres, avec 40 minutes de plongée effective au fond et 40 minutes de décompression. Concernant le fond justement, il était très blanc et constitué de sable avec des débris de coraux de petite taille. Le sol était meuble ce qui nous a permis de soulever et de collecter des éléments assez facilement. Tout ça était recouvert d’un faune et d’une flore très riche.

– Justement, qu’avez-vous vu plus précisément ?

– Nous avons vu des coraux d’une soixantaine de centimètres ainsi que des hydraires dont des hydrozoaires mais aussi des gorgones de petites tailles. En termes d’échinodermes, nous avons vu des étoiles de mer, des ophiures (NDLR : classe d’échinodermes proche des étoiles de mer). Nous avons aussi vu des gros poissons semblables à des carangues, d’une taille de 80 centimètres. Enfin, instant magique, des raies manta, nous ont fait une danse de bienvenue pendant notre pallier de décompression. C’est toujours curieux, intriguant et magique à voir même si ces instants sous l’eau sont finalement très fugaces.

 

– Sont-ce des paysages sous-marins nouveaux vous qui avez plongé partout dans le monde ?

– Oui, c’est nouveau, surprenant et excitant d’autant que j’ai eu la chance d’aller observer des hauts monts sous-marins et de plonger en 2017 sur le banc Walters Shoal, un grand mont sous-marin découvert en 1962, qui culmine à 16 mètres sous la surface, situé à 700 kilomètres au sud de Madagascar. Là-bas, nous avions également exploré la faune et la flore benthiques alors inconnues[1]. Ici, à Saya de Malha, la biodiversité semble de prime abord beaucoup plus riche et plus variée. Si je prends l’exemple d’une forêt primaire avec une grande biodiversité, et d’une forêt récemment plantée, nous sommes apriori ici dans une « forêt » sous-marine d’une grande biodiversité.

– Chercheuse et plongeuse, vous voilà devenue une exploratrice?

– Définitivement. Je suis professeure au muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et donc chercheuse. Je suis aussi directrice des explorations scientifiques au MNHN, et donc exploratrice. Enfin je suis cheffe de mission des plongées hyperbares durant la campagne d’exploration « Océan Indien » et donc plongeuse. Cette première plongée à Saya de Malha laisse augurer de belles découvertes. Inutile ou presque de vous dire que nous sommes impatients avec mon équipe de nous mettre à l’eau dès demain »