Le centre a fait des recherches approfondies et a établi un modèle pour l’aquaculture dans les eaux de la région. En tant qu’organisme de réglementation, ils offrent leurs recherches et leurs connaissances à toute industrie privée qui développe une ferme localement. Madère compte actuellement 3 fermes opérationnelles, plus une en construction qui sera opérationnelle ce mois-ci. 11 sites au total sont en cours de planification.
Carlos nous a guidés autour de l’île afin de découvrir 2 piscicultures, illustrées ci-dessus, et une troisième, qui vient d’entrer en production hier avec environ 550 000 tonnes de poisson. Nous avons pu voir la dernière cage avant qu’elle ne soit remorquée jusqu’à son placement dans la ferme. Les poissons sont amenés depuis l’écloserie et placés dans les cages du port. Ensuite, une équipe s’efforce de retirer tous les poissons morts lors du transport. Le stress du voyage peut entraîner une perte de 3 à 5%. C’est ce qui se passait lors de notre visite. Ce n’est certainement pas un travail que j’effectuerais !
Au centre d’aquaculture, Carlos nous a fait visiter les laboratoires de recherche et l’écloserie. Au moment de notre visite, le couvoir était en cours de stérilisation. Ils «arrêtent» les opérations pendant 2 mois pour stériliser et nettoyer, et rompre tout cycle potentiel de parasites grâce à se vide sanitaire. Actuellement, c’est la seule écloserie de poissons sur l’île, mais l’espoir est qu’une écloserie privée ouvrira ici dans un futur proche, à mesure que le nombre de piscicultures augmente.
La pisciculture est importante pour l’économie locale, car elle contribue à la diversifier et à réduire sa dépendance au tourisme. De plus, les îles dépendent des nombreuses importations de denrées alimentaires et d’autres biens qui n’y sont pas produits. La pisciculture et l’exportation sont alors un moyen d’inverser la tendance et de contribuer à une économie équilibrée. L’aquaculture crée des emplois dans la région, non seulement dans les fermes, mais aussi sur les sites de transformation et d’exportation.La pisciculture est un sujet assez controversé dans les médias et parmi les groupes environnementaux, et Carlos nous a aidés à comprendre comment la pisciculture, lorsqu’elle est menée de manière responsable et avec surveillance et réglementation, est une industrie positive dans des endroits comme Madère. Carlos a souligné l’importance de la planification de l’aquaculture dans le cadre de leur processus. Il a expliqué que la recherche doit être effectuée, bien avant la mise en production des exploitations agricoles, pour anticiper les impacts environnementaux et la planification commune avec d’autres utilisateurs et usagers de la mer tels que les plages et le tourisme, le surf, la pêche légale, etc.
Une matinée en mer
La mer était agitée ce matin alors que nous nous dirigions vers la grotte où l’IFCN (Instituto das Florestas e Conservação de Natureza IP-RAM) a installé un système de caméra pour surveiller le comportement du phoque moine. Le président madérien Miguel Albuquerque et l’écologiste Rosa Pires ont invité S.A.S. le Prince Albert II à visiter la grotte et à voir l’habitat des phoques moines méditerranéens menacés ici dans les Désertas. Le phoque moine de Méditerranée est une espèce que le Prince Albert, par le biais de sa Fondation, connaît et travaille à protéger depuis des années.
Après avoir visité l’habitat connu du phoque moine et échangé sur les efforts entrepris par l’IFCN et Life Madeira pour leur connaissance et leur protection, notre groupe s’est dirigé vers des eaux plus calmes au sud de l’île. Nous y avons passé une heure à observer la faune et la flore sous-marine en snorkelling (plongée avec masque et tuba), profitant de l’immense beauté des profondeurs de Deserta Grande.
Retour au Yersin ensuite afin de troquer nos tenues de plongée contre des tenues de randonnée. Les ravitailleurs nous déposent à la station des rangers de Deserta Grande où nous retrouvons Paulo Oliveira et son équipe de gardes forestiers. Nous y passons le reste de la journée.
Après-midi à terre
Le Prince Albert et le Président Albuquerque ainsi que le reste de notre délégation ont visité l’exposition dédiée au phoques moines qui est installée près de la station des gardes forestiers, ainsi que le petit centre de bienvenue.
Nos hôtes nous ont régalés d’un repas composé d’espetadas, des morceaux de boeuf embrochés sur du bambou et grillés au-dessus d’un feu de bois. Un délice !
Une fois le repas terminé, le Prince Albert a passé du temps à regarder d’anciens albums photo, témoignages de la visite sur cette même île de son arrière-arrière grand-père, le Prince Albert Ier. Thomas Fouilleron, Directeur des Archives au Palais Princier in Monaco, a présenté les documents montrant les liens du Prince Albert Ier avec Deserta Grande : activités, marches sont consignées dans des albums et carnets de ses visites.
La journée a commencé à Funchal et s’est terminée sur un coucher de soleil aux Îles Desertas – il y a de pires journées…
Nous sommes sortis tôt ce matin en prenant le Téléphérique de Funchal jusqu’à la ville perchée de Monte. Le trajet en téléphérique offre une vue magnifique sur Funchal et la mer. Il fait chaud, chaud, chaud à l’intérieur de la voiture, mais en vous rapprochant du sommet, vous pouvez sentir une brise, et la vue vaut bien une suée…
Sur le chemin entre le téléphérique et Monte, on peut apercevoir Igreja de Nossa Senhora do Monte (Notre-Dame de Monte), l’église catholique dédiée à la Sainte patronne de Madère. L’église est magnifique et c’est là que nous démarrons notre visite. Le Prince Albert II a souhaité rendre un dernier hommage à ceux qui ont tragiquement perdu la vie lorsqu’un grand chêne est tombé sur la foule lors de la célébration annuelle de la Fête de l’Assomption le 15 août.
Après avoir visité l’église, le Président de Madère Miguel Albuquerque a invité notre groupe à monter sur les fameux Carros de Cesto (littéralement «voiture panier»), qui sont des petits véhicules de glisse datant du début du XIXe siècle. Les toboggans étaient utilisés pour transporter du frêt sur la pente raide de 5 km de Monte à Funchal. Il ne fallut pas longtemps à un résident de Monte pour se rendre compte que ces mêmes wagons à paniers pouvaient également être utilisés pour transporter les gens en bas de la colline, et c’est ainsi qu’est né le célèbre trajet en wagon-panier de Madère, que CNN a nommé l’un des « trajets les plus cool du monde ». Le trajet a été très excitant et il a fallu 8 paniers pour faire descendre tout notre groupe !
Le Prince Albert Ier avait également fait cette balade lors de sa visite à Madère et, en ce sens, ce fut une excellente occasion de suivre ses traces. Il est clair que les toboggans n’ont pas beaucoup changé depuis leur première utilisation, et cela nous a vraiment donné le sentiment de remonter le temps.
Pendant notre visite à Monte, un groupe de chercheurs et d’experts sur le phoque moine s’est réuni à bord du Yersin. Ils ont passé la matinée à partager leurs résultats de recherche et leurs actions de conservation dans le but d’ouvrir des voies de communication et de collaboration vers un objectif commun. Lorsque nous sommes retournés au Yersin, le Prince Albert s’est assis avec le groupe et a demandé à chaque personne de présenter son travail. Vous pouvez en savoir plus sur le groupe ici. Et vous pouvez regarder notre rencontre avec un phoque moine de Méditerranée ici.
A l’issue de la réunion, le Yersin a quitté le port et s’est dirigé vers les îles Desertas. Une promenade douce et magnifique, avec arrivée à Doca juste à temps pour observer une superposition parfaite de mer, de roche et de brume.
Après que la brume se soit dissipée, nous avons eu la chance de profiter d’un coucher de soleil comme belle conclusion de cette longue journée. Ce soir, nous sommes tous heureux d’être à bord, heureux que le Prince Albert soit là pour profiter de cette mission et s’impliquer dans les nombreuses activités en cours, et surtout – nous sommes tous prêts pour les explorations de demain en mer!
Aujourd’hui, le Prince Albert est arrivé à Funchal, Madère, après un temps à Lisbonne afin de rendre visite au Président portugais Marcelo Rebelo De Sousa.
Lorsque nous avons commencé la planification des Explorations de Monaco au mois de janvier, il semblait naturel d’aller en Macronésie lors de la première mission. En effet, la Principauté de Monaco entretient des liens historiques avec Madère, notamment à travers les explorations du Prince Albert Ier. Arrière-arrière grand-père du Prince Albert II, il fut Prince de Monaco de 1889 à 1922.
Pionnier de l’océanographie moderne, le Prince Albert Ier consacra une grande partie de son temps et de ses ressources aux explorations en mer. Il voyagea dans les eaux de Madère à de nombreuses reprises. C’est d’ailleurs à cet endroit qu’il fit la connaissance de sa seconde femme, Marie-Alice Heine, Duchesse de Richelieu.
Les Explorations de Monaco portent l’héritage des traditions de la Principauté de Monaco et des explorations océanographiques dans la lignée d’Albert Ier puis de Jacques Cousteau, directeur du Musée Océanographique de Monaco pendant 31 ans et capitaine de la Calypso.
Dans le cadre de cette mission inaugurale des Explorations de Monaco, nous avons travaillé conjointement avec le gouvernement régional et la ville de Funchal pour rendre hommage à l’histoire commune de Monaco et Madère durant notre séjour. A cet effet, le Prince Albert II, le maire de Funchal Paolo Cafôfo et la Chambre Municipale de Funchal ont inauguré un magnifique espace public dédié au Prince Albert Ier et à la Principauté de Monaco. Situé près de la mer et de la Station de Biologie Marine de Funchal, le lieu rend hommage aux efforts passés et présents investis dans la recherche océanographique et la conservation des milieux naturels et des espèces.
Quelques photos de Axel Bastello, Palais Princier de Monaco.
Juste après la cérémonie, nous nous sommes rendus au vernissage d’une exposition dédiée à l’histoire du Prince Albert Ier à Madère, au Museu História Natural Funchal.
L’exposition a été conçue par Thomas Fouilleron, Directeur des Archives du Palais Princier, et Patrick Piguet, Directeur du Patrimoine du Musée Océanographique de Monaco.
Voici un extrait de la présentation de l’exposition : « En 1879, le Prince Albert Ier de Monaco, alors héritier du trône, découvre Madère au gré d’un voyage sur son yacht Hirondelle. C’est là qu’il rencontre la Duchesse de Richelieu, Marie-Alice Heine. Le Prince retournera à Madère en 1888 et 1889 pour la revoir et, lors de ses excursions sur l’île, il commence à faire des observations scientifiques et à tester de nouveaux dispositifs océanographiques. En septembre 1889, le prince devient souverain et épouse Alice le mois suivant. Albert Ier de Monaco entreprendra six croisières océanographiques dans les eaux de Madère de 1897 à 1912. Le Prince établit de nombreux liens avec la société locale de Madère. Cette exposition est créée comme un carnet de voyage basé sur des lettres et le journal intime d’Albert Ier de Monaco qui retrace ses mouvements dans cet archipel. »
Photos d’Axel Bastello, Palais Princier de Monaco.
Alors que nous dormions paisiblement, le Yersin a continué sa route vers Porto Santo, une île située au nord de l’archipel de Madère. C’est une vue magnifique qui nous attendait ce matin au réveil, ainsi qu’un trajet paisible en ravitailleur pour atteindre le port et rejoindre BuggyPower pour une visite.
- Arturo Alvarez-Bautista, Responsable commercial de l’Unité Cosmétique
- Pedro Carrolo, COO
- Pedro Escudero, CEO et Propriétaire
- Graça Martins, Marketing et Communications
- Teresa Telo, Responsable de l’Unité de Production
Pour commencer, nous avons admiré la vue panoramique de Porto Santo, et avons également pu voir l’ensemble du site BuggyPower, l’un des plus grands sites européens de production de biotechnologie en système fermé.
Au cours de la visite, la responsable de l’unité de production, Teresa Telo, nous a expliqué en détail comment BuggyPower produit chaque année 60 tonnes de biomasse sèche à partir de microalgues marines. Nous avons pu visiter les zones de photobioréacteurs, la chambre d e culture, la salle de traitement de centrifugation, les chambres de déshydratation, l’entrepôt de produits finis et les laboratoires de contrôle de la qualité.
Les microalgues marines sont des organismes qui vivent à la fois dans l’eau douce et l’eau salée. Ils sont la principale composante du phytoplancton, à la base de la chaîne alimentaire, et sont identiques depuis des millions d’années. Les microalgues ont été désignées par L’organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture pour l’alimentation et l’agriculture comme super aliment en raison de leurs propriétés nutritionnelles immenses.
Par le biais de sa société affiliée Alguimya, BuggyPower développe de multiples produits dans les secteurs de l’alimentation, des cosmétiques, du bétail et des aliments pour animaux. Ces produits visent à rendre les nombreux avantages des microalgues disponibles et accessibles au plus grand nombre.
Le menu:
- Pain vert de Porto Santo fait maison avec beurre de wasabi aux microalgues et infusion de microalgues EVOO
- Thon en sauce aux microalgues avec pommes de terre rôties et légumes avec Aygyoli (aïoli aux microalgues)
- Yaourt glacé aux microalgues et au gâteau Bizchocho
- Café gourmand avec chocolats blanc et noir aux microalgues.
Cliquez ici pour visionner le reportage (en portugais et anglais)
Au cours de la mission, nous ferons route dans quelques jours vers les Îles Selvagens, également nommées Selvagems ou Îles Sauvages, situées à l’extrême sud du Portugal. Il existe seulement deux habitations sur les Îles Selvagens : une station de l’IFCN qui abrite des rangers travaillant en rotations de quinze jours, comme sur Deserta Grande, et une maison bâtie en 1967 par Alec Zino.
Alec Zino était un ornithologiste écologiste de Madère : familier des Selvagens depuis longtemps, il eut un jour (il y a aujourd’hui 50 ans) l’opportunité de récupérer les droits de chasse d’un terrain et obtint le droit d’y construire une maison dans le cadre d’un bail.
Alex Zino est décédé en 2004, à l’âge de 88 ans. Il a légué sa maison de Selvagen Grande à son fils, Franck, qui nous a aimablement accueillis durant notre passage en ce mois de septembre 2017.
Le capitaine du M/V Yersin Jean Dumarais, le chef de mission Macaronésie Pierre Gilles et Liz Factor, de l’équipe communication des Explorations de Monaco, ont rejoint Frank et sa femme Buffy pour un temps de partage autour d’un repas à Funchal, à Madère. Frank a également hérité de cette propriété léguée par son père. Le site comprend la maison d’enfance de Frank, ainsi que celle de la grand-tante de Frank, la première propriétaire.
Notre hôte pour les deux prochains jours est la biologiste marine et écologiste Rosa Pires. Rosa travaille pour l’agence gouvernementale IFCN (Instituto das Florestas e Conservação de Natureza IP-RAM) depuis 24 ans, oeuvrant pour la préservation et la protection de la population de phoques moines des Iles Desertas. Arrivée à Madère en 1993 pour terminer son doctorat, Rosa sut immédiatement qu’elle n’en partirait plus. Sa passion pour la préservation du phoque moine est contagieuse : « Mon travail ici ne se terminera que lorsque j’aurai la certitude d’avoir une personne pour reprendre le flambeau sans aucun compromis et que tous ces efforts ne seront pas vains. »
Notre premier voyage aux Iles Desertas se concentre sur la découverte des populations locales de phoques moines et des efforts mis en oeuvre pour protéger et préserver leur habitat et le patrimoine des îles.
- Les phoques moines furent observés et étudiés pour la première fois en 1420, par des colons. Il y aurait eu environ 2000 phoques à cette époque. Les phoques moines étaient alors chassés de manière intensive pour leur peau et leur graisse.
- Au début du XXème siècle les phoques se faisaient déjà rares, avec une population estimée à 25 phoques à Madère dans les années 1940.
- En 1986, les premières lois d’interdiction de pêche des mammifères marins à Madère sont promulguées.
- En 1988, il reste 8 phoques moines. Le Parc Naturel de Madère démarre un programme destiné à préserver les phoques des Desertas, habitat favori des phoques moines. Une construction abritant continuellement deux rangers à la fois est installée sur l’île de Grande Deserta.
- Les rangers surveillent la zone afin de signaler et de prévenir la pêche illégale. Ils se déplacent avec les pêcheurs, expliquant la nécessité d’une réserve pour les phoques moines qui contribuerait à augmenter la population de poissons, au bénéfice des hommes autant que des phoques. A cette époque, les pêcheurs utilisent de grands filets maillants (araignées) ainsi que des explosifs, ce qui réduit drastiquement le nombre de poissons. Les filets sont collectés par les rangers, qui proposent des solutions de pêche alternatives.
- Les rangers ont aussi effectué des heures d’observations en des lieux précis afin de noter les aperçus de phoques moines et de garder une trace écrite des heures et lieux d’observation jusqu’à aujourd’hui.
- En 1990, une réserve est créée au sud de l’île, ainsi qu’une réserve partielle sur la moitié nord de Grande Deserta : les pêcheurs peuvent y travailler, mais des restrictions sur l’équipement sont en vigueur. Le but est de les amener à pêcher de manière responsable, en respectant la réserve. Le gouvernement souhaite en effet que la création de cette dernière ne se fasse pas au détriment des pêcheurs.
- L’IFCN est subventionné par the LifeMadeira project, ce qui a permis à Rosa et son équipe d’installer un dispositif photographique dans la grotte occupée par les phoques moines. L’appareil prend une image par heure.
- Les phoques peuvent être identifié selon leur couleur et leurs cicatrices. Les photos rendent aussi compte des habitudes de vie : par exemple combien de temps un phoque se repose-t-il dans la grotte (l’un d’eux s’y est reposé dix-huit heures d’affilée)
- LifeMadeira a également permis à l’équipe de placer des bracelets sur plusieurs des phoques moines afin de suivre leur localisation, mouvements et profondeurs atteintes via GPS, afin d’en apprendre plus sur les comportements et habitats des phoques moines.