Dans ce billet, Didier Zoccola, Chargé de recherche au Centre Scientifique de Monaco et spécialiste du corail, nous livre son sentiment sur sa participation à l’école thématique d’été organisée par l’IRD du 10 au 14 juin 2024 à l’Université des Seychelles. Cette école avait lieu dans le cadre de la composante B du programme DIDEM (Dialogue Science-Décideurs pour une gestion intégrée des environnements littoraux et marins). Elle avait pour thème la vulnérabilité du patrimoine récifal (VulPaRe) et sa résilience. Son organisation était soutenue par les Explorations de Monaco.
En juin 2024, l’IRD a organisé après 2014 et 2016 la troisième édition de VulPaRe à l’Université des Seychelles, rassemblant des experts de toute la région de l’océan Indien Occidental, notamment des Comores, de Maurice, des Seychelles, du Kenya, de la Tanzanie et de la Réunion, pour discuter des enjeux liés à la conservation des récifs coralliens
Pendant cinq jours, nous avons plongé au cœur des récifs coralliens, explorant leurs secrets et leurs fragilités. Les conférences, les débats animés et les sorties sur le terrain ont été autant de tremplins pour une réflexion profonde sur le futur de nos océans. J’ai été particulièrement touché par la volonté commune de tous ces acteurs, venus d’horizons différents, d’unir leurs forces pour faire face au défi climatique.
Au-delà des concepts théoriques, c’est l’esprit de collaboration qui m’a marqué. Les repas partagés, les discussions passionnées, loin des écrans et des réunions virtuelles, ont révélé la puissance de l’échange humain. Car oui, la science est un langage universel, mais c’est dans la rencontre de l’autre, dans le partage de nos expériences et de nos émotions, que naissent les véritables solutions.
Lors de mon intervention, j’ai eu à cœur de présenter le Conservatoire Mondial du Corail comme un acteur engagé dans cette lutte commune. Mais au-delà de cette présentation, c’est l’espoir qui m’a animé. L’espoir de voir ces jeunes chercheurs, ces gestionnaires, ces décideurs, tous unis par un même idéal : préserver notre planète bleue.
Car il ne s’agit pas seulement de sauver des coraux, mais de sauver notre avenir à tous. Et cette école, ce moment suspendu dans le temps, m’a rappelé que nous sommes tous liés, tous interdépendants. Ensemble, nous pouvons faire face aux défis qui nous attendent, et bâtir un avenir où l’homme et la nature vivront en harmonie.
Crédits photos : Xavier Koenig & IRD
Didier Zoccola
Chargé de recherche
Equipe Physiologie – Biochimie
Centre Scientifique de Monaco
Auriane Pertuisot, chargée de projets marins à la Fondation Prince Albert II de Monaco, coordonne depuis 2019 une coalition de bailleurs dédiée à la protection du phoque moine de Méditerranée : la Monk Seal Alliance. Elle présente dans ce billet la raison d’être de cette coalition, ses actions et résultats.
La Monk Seal Alliance fait partie du cercle des partenaires des Missions Méditerranée des Explorations de Monaco. Dans le cadre de sa mission d’éducation et de sensibilisation, elle a participé à la conception de l’exposition « Le Temps de l’Action: les Aires Marines de Méditerranée », inaugurée à Barcelone le 9 avril 2024 pour la 2ème réunion de la Décennie de l’Océan.
La Protection du Phoque Moine de Méditerranée
La raison d’être de la Monk Seal Alliance
Le phoque moine de Méditerranée, Monachus monachus, est l’une des espèces de mammifères marins les plus menacées au monde. Avec moins de 900 individus restants, principalement répartis entre la Grèce, la Turquie et Chypre en Méditerranée, en Mauritanie et à Madère en Atlantique, sa conservation est cruciale pour la biodiversité marine. La Monk Seal Alliance joue un rôle important dans la protection de cette espèce emblématique en soutenant des projets de conservation et en coordonnant les différentes initiatives à échelle régionale.
Qui est le Phoque Moine de Méditerranée ?
Le phoque moine de Méditerranée peut mesurer jusqu’à 2,4 mètres et peser jusqu’à 320 kg.
La chasse du phoque moine a été l’une des premières pressions humaines exercées sur cette espèce. Depuis l’Antiquité, les phoques moines ont été chassés pour leur peau, leur graisse et leur viande. Cette exploitation intensive a considérablement réduit leur nombre.
Historiquement, les phoques utilisaient principalement les plages pour se reposer et se reproduire. Cependant, ils ont progressivement adopté les grottes marines inaccessibles, loin des activités humaines, pour y trouver un peu de quiétude.
Aujourd’hui, les principales menaces pesant sur l’espèce sont la perte d’habitat liée à construction côtière et le tourisme de masse et les prises accidentelles dans les filets de pêche ou leur mise à mort délibérée.
Les Actions de la Monk Seal Alliance
- Protection des Habitats : La MSA collabore avec et apporte un soutien aux gouvernements et des ONG locales pour créer et gérer des aires marines protégées (AMP). Si les organisations qui les gèrent ont les moyens humain, techniques et financiers adéquats, ces zones offrent un refuge sûr pour les phoques.
- Surveillance et Recherche : L’alliance finance des projets de recherche pour connaître les caractéristiques des populations, étudier le comportement des phoques, leurs habitats et leurs besoins. Ces informations sont cruciales pour comprendre les menaces auxquelles ils sont confrontés et en déduire les priorités de conservation.
- Sensibilisation et Éducation : La sensibilisation du public est essentielle pour la conservation à long terme des phoques moines. La MSA soutient des campagnes éducatives pour informer les communautés locales et les touristes sur l’importance de préserver cette espèce.
- Intervention d’Urgence : En cas de phoques blessés ou en détresse, la MSA peut soutenir des organisations fournissant des soins vétérinaires avant de les relâcher dans une aire marine protégée.
Impact et Résultats
Grâce aux efforts de la Monk Seal Alliance et de ses partenaires, plusieurs succès notables ont été enregistrés. Des populations locales de phoques montrent des signes de rétablissement, et de nouvelles zones marines protégées ont été établies. La dernière évaluation globale de la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature confirme une augmentation de la population. La collaboration internationale et les partenariats locaux sont au cœur de ces succès, démontrant l’importance d’une approche collective pour la conservation de la faune marine.
Auriane Pertuisot
Coordinatrice de la Monk Seal Alliance depuis 2019. Chargée de projets marins à la Fondation Prince Albert II de Monaco.
Dans ce billet du 7 juin 2024, Joana, Manon, Hortense et Gaël, élèves de 4ème du Lycée français de Barcelone, reviennent sur leur journée du 8 avril 2024 au Port Vell de Barcelone, une journée au cours de laquelle ils ont participé à plusieurs ateliers éducatifs et de sensibilisation proposées par les Explorations de Monaco à l’occasion de la deuxième réunion de la Décennie de l’Océan.
Une journée hors du commun...
Le lundi 8 avril 2024 dans l’après-midi, avec notre classe de 4ème, l’une des trois classes à enjeux maritimes du Lycée français de Barcelone, nous avons eu la chance de découvrir la Société des Explorations de Monaco.
Première escale maritime : visite guidée et atelier autour de l’exposition“Le temps de l’action : les Aires Marines Protégées de Méditerranée”.
Cette exposition était installée en plein air au port Vell de Barcelone. La visite a été l’occasion de prendre conscience de l’état actuel de la Méditerranée, des dangers qui la menacent et de l’importance des Aires Marines Protégées pour sa protection et sa gestion durable. C’est une mer riche en biodiversité mais particulièrement vulnérable, elle contient 28% d’espèces endémiques, c’est-à-dire qui ne vivent que dans cette mer ! Il s’agit d’une mer presque fermée, au milieu des terres, autour de laquelle vivent 522 millions de personnes. Imaginez la pollution générée par les rejets et les déchets, l’intensité du tourisme et celle du trafic maritime !
Cette visite nous a fait réaliser à quel point le réchauffement climatique, mais aussi l’activité humaine pèsent sur les écosystèmes tels que le coralligène, la posidonie ou la haute mer. Ils affectent les espèces sous-marines comme les tortues ou les mérous… Angela, notre guide, nous a permis de nous rendre compte que nous les humains ne sommes pas les seuls à souffrir du réchauffement climatique. Les autres espèces en subissent tout autant voire plus les conséquences que nous ! Et nous pouvons faire quelque chose pour inverser la tendance : par exemple développer les Aires Marines Protégées et les rendre plus efficaces. Aujourd’hui, une surface de 8,33% de la Méditerranée est protégée mais seulement 0,04 % des eaux bénéficient d’une protection forte. Beaucoup d’investissements sont encore nécessaires pour atteindre 30% en 2030, comme les états l’ont décidé…
Deuxième escale maritime : l´après-midi, nous sommes montés à bord du Tuiga, le navire amiral du Yacht Club de Monaco (YCM).
Nous nous sommes séparés en deux groupes. L’un avec Didier a découvert les subtilités du matelotage et les conditions de vie des marins. L’autre, avec Jean, l’incroyable histoire de ce bateau de régate. Ce magnifique voilier de course a été construit en 1909, soit il y a 115 ans, par l’architecte écossais William Fife III à Fairlie, sur la côte ouest de l’Écosse. Son premier propriétaire était le marquis de Medinaceli, le cousin du roi d’Espagne. Sur les 20 bateaux construits sur ce modèle entre 1908 et 1912, seuls trois autres voiliers identiques sillonnent encore les mers : l’Hispania, propriété du roi d’Espagne, le Mariska et The Lady Anne. Le Tuiga a retrouvé le Mariska ici au Reial Club de Barcelone où nous nous trouvions.
Portrait d’une icône de la voile traditionnelle : le Tuiga
Jean, l’un des marins qui s’occupe du yacht à l’année, nous a livré ses secrets.
Ses matériaux de construction, le teck et l’acajou, lui permettent de résister aux intempéries. Sa coque mesure 23 mètres de long. Doté d’un mât de Beaupré avec un filet pour attacher les voiles et éviter que le “numéro 1” de l’équipage tombe à l’eau, il possède une voile trapézoïdale et une voile en forme de triangle rectangle, appelée flèche : il a une surface de voiles de 370 m3.
Pour sortir en mer, il faut un équipage d’une vingtaine de marins. Le yacht peut aller jusqu’à 25-30 nœuds, ce qui correspond à une vitesse de 30-40 km/heure et a un tiran d’eau de 26,07281844048 tonneaux, l’équivalent de 73.83 m3!
Merci beaucoup pour cette expérience clairement hors du commun, que nous retiendrons sûrement toute notre vie !
Joana, Manon, Hortense et Gaël
Elèves de 4ème des classes à enjeux maritimes du Lycée français de Barcelone.
Dans ce billet, Aude Jacomme, enseignante au Lycée Français de Barcelone chargée des classes à enjeux maritimes, évoque la collaboration fructueuse mise en place avec les Explorations de Monaco à l’occasion de la 2ème réunion de la Décennie de l’Océan à Barcelone. Retour sur l’organisation et le déroulement d’une semaine riche en découvertes, initiatrice de nouveaux projets et de prolongements prometteurs.
Une rencontre qui porte ses fruits... ...
Les prémices…
12 janvier 2024, parmi les nombreux mails reçus par jour, un attire particulièrement mon attention: “Conférence de la Décennie de l’Océan et classes à enjeux maritimes du Lycée Français de Barcelone”… Origine du mail : Monaco Explorations ? La 2ème Conférence de la Décennie de l’Océan…
L’objectif de ces classes à enjeux maritimes est de faire prendre conscience aux élèves des différents enjeux existants autour de la conservation et de la gestion durable de l’Océan, mais aussi d’ouvrir des horizons en termes de champs professionnels, de culture, de savoir et savoir-être. À chaque fois, les intervenants qui viennent à la rencontre de nos élèves expliquent leur parcours pour sensibiliser les jeunes à des formations, des études et des professions qui, pour certaines, sont extrêmement motivantes. Nous collaborons avec des universités, des laboratoires de recherche, de physique, chimie, biologie marine. Nous sommes aussi en contact avec le port de Barcelone pour tout ce qui concerne les activités portuaires, les entreprises qui travaillent autour de l’économie de la mer et ce que l’on appelle « l’économie bleue ».
C’est donc là, ce 12 janvier 2024, à l’ouverture de ce mail, que l’aventure a commencé … Et quelle aventure! Très rapidement, une visioconférence et des échanges hebdomadaires nous ont permis de partager de nombreuses idées et de déterminer comment la Société des Explorations de Monaco pouvait enrichir le parcours de nos élèves. Un réseau d’échanges se met en place, nous partageons avec enthousiasme les contacts de nos partenaires locaux.
Les projets se concrétisent…
Mars 2024, terminé les écrans et les échanges écrits, le temps de faire connaissance est arrivé. Xavier Prache de passage à Barcelone nous accorde quelques précieuses heures pendant lesquelles nous énumérons le programme proposé à nos élèves. Visite de Tuiga, expositions sur les Aires Marines Protégées de Méditerranée, échange entre les familles du LFB et les membres de la Société des Explorations de Monaco, sortie en mer pour les enseignants, rencontre entre nos ambassadeurs enjeux maritimes et Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco… Rien que de penser à toutes ces merveilleuses expériences proposées à nos élèves et leurs enseignants, j’avais “le corazon contento” comme disent les espagnols. Que d’opportunités !
La semaine tant attendue va commencer…
Avril 2024, après une semaine d’échanges intenses et journaliers, nous y sommes enfin, tout est prêt ! Nous rencontrons le reste de l’équipe, nous avions tellement échangé auparavant que nous avions l’impression de déjà nous connaître. Quelle équipe! Un accueil chaleureux et attentionné, toutes nos classes enjeux maritimes ont pu découvrir l’exposition interactive sur les Aires Marines Protégées, accompagnés d’un des membres de l’équipe qui a su avec beaucoup de pédagogie leur faire découvrir ce concept. Ils ont également rencontré les membres de l’équipage de Tuiga, du matelot au capitaine! Noeud de chaise, nœud de pêcheur, ils sont à présent incollables et le font les yeux fermés et les mains dans le dos. Ils ont découvert un bateau assez unique de part son histoire ainsi que les conditions de vie des marins lors des régates. Une de nos élèves passionnée par la voile a également rencontré l’équipage du sister ship le Mariska. Nos élèves ont été immergés dans les enjeux maritimes au plus haut point, ils ont compris que l’Océan était la préoccupation des années à venir, mieux connaître pour mieux protéger!
Ils en parlent encore aujourd’hui avec des étoiles dans les yeux chaque fois qu’ils passent la porte de nos salles de classes. Ils se sentent concernés, impliqués et responsables. C’est le but de ce genre de projet.
Alors on peut le dire : mission accomplie !
Les suites de l'aventure
Juin 2024; prochaine étape de notre collaboration, l’aventure ne s’arrête pas là ! C’est ce qui fait tout le sel et toute la magie de ce grand projet commun. L’exposition sur les Aires Marines Protégées est restée à Barcelone au Lycée français. Nos élèves se préparent pour la présenter aux enfants des classes de primaire, mais également aux autres écoles du quartier. En français, anglais, catalan et espagnol, peu importe la langue utilisée, ils feront passer le message.
Merci encore à toute l’équipe des explorations de Monaco pour cette belle expérience qui restera gravée dans la mémoire du Lycée Français de Barcelone.
Aude JACOMME
Enseignante au Lycée Français de Barcelone. En charge des classes à enjeux maritimes.
9 avril 2024. A l’aube de cette journée d’annonce des Missions Méditerranée à Barcelone, dans le cadre de la deuxième réunion de la Décennie de l’Océan, Xavier Prache plante le décor, envisage la suite des missions et mesure le chemin déjà parcouru depuis son arrivée le 1er septembre 2023 à la tête des Explorations de Monaco.
Top départ !
On y est ! 9 avril 2024. L’annonce des Missions Méditerranée des Explorations de Monaco !
A peine 7 mois après avoir pris les commandes de cette singulière plate-forme, tout entière consacrée au service de l’engagement de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco en matière de connaissance, de gestion durable et de protection de l’Océan, je me retrouve à Barcelone. Du haut de la terrasse de l’appartement loué pour l’occasion, QG de l’équipe des Explorations pour ce baptême du feu, je contemple le port Vell et sa promenade sur laquelle depuis quelques jours est installée l’exposition itinérante sur les Aires Marines Protégées en Méditerranée, intitulée « Le temps de l’Action« . Ce formidable outil de médiation est le résultat d’un travail acharné, mené tambour battant avec nos partenaires pour l’occasion. Tout est prêt, ou semble l’être en tout cas ! L’équipe a travaillé pour ça ! Avant moi, Gilles Bessero, ancien directeur des Explorations de Monaco, avait tracé la route. En bon capitaine de navire, je l’ai suivie, veillant à ce que chaque membre de l’équipage se prépare pour ce grand jour.
Et on y est ! Les premières activités de médiation ont commencé la veille avec les classes du Lycée français de Barcelone, dont la classe de 4ème dite « à enjeux maritimes« . Des élèves motivés et engagés, déjà, pour être demain les ambassadeurs de la Méditerranée auprès de leurs camarades de classe, de leur famille, et après-demain auprès de leurs enfants, à leur tour, et de leurs collègues de travail dans leur vie professionnelle. Ils sont vifs, intéressés, curieux, de cette insolence que la jeunesse permet encore : les défis qui attendent la Méditerranée en général et les Aires Marines Protégées en particulier, se nourrissent de cette jeunesse, de cette force, de cette espérance en l’avenir.
Le Temps de l'Action
Cette pépite de biodiversité qu’est la Méditerranée, ne représente même pas 1% de la surface totale des océans. Elle est pourtant riche de 8% des espèces marines mondiales et de 28% d’espèces endémiques. Cette mer au milieu des terres a besoin de notre engagement commun, toutes générations, forces et compétences unies, pour que les objectifs ambitieux affichés en 2022 dans le Cadre Mondial de la Biodiversité de Kunming-Montréal aient une chance d’être approchés : 30% de la Méditerranée dûment conservés et gérés d’ici à 2030 ! C’est le temps de l’action.
Depuis des mois, l’équipe travaille aux événements qui jalonneront cette journée d’annonce. Mais nous ne sommes pas seuls : les co-organisateurs de ces événements nous secondent efficacement depuis le début, MedPAN, SPA/RAC, The MedFund et la Monk Seal Alliance. Nos partenaires institutionnels également, Gouvernement Princier, Fondation Prince Albert II de Monaco, Institut océanographique, Centre scientifique de Monaco, et Yacht Club de Monaco grâce à qui nous avons la chance d’être accompagnés à Barcelone par Tuiga, voilier patrimonial de la Principauté de Monaco. Non, nous ne sommes pas seuls, et nous avons même le privilège de pouvoir compter sur la présence du Prince Souverain à chacun de nos événements satellites. Quel autre État au monde peut-il se targuer d’un tel engagement, au quotidien, au profit de l’Océan, et ici en particulier de la mer Méditerranée ?
Le décor des Missions Méditerranée est planté. Pour longtemps ! Imaginez un peu : 7 ans de missions sur tout le pourtour méditerranéen, au service des aires marines protégées et de leurs gestionnaires. Barcelone sera suivie en octobre 2024 de la première mission des Missions Méditerranée, mission de lancement, en Grèce ! 5 semaines à propos desquelles nous avons hâte de revenir vers vous pour vous faire partager l’engagement de la Principauté de Monaco…
En avant ! Cap sur la Méditerranée et ses aires marines protégées !
Xavier PRACHE
Directeur des Explorations de Monaco.
Xavier PRACHE a succédé à Gilles BESSERO le 1er septembre 2023.
Dass Bissessur exprime dans ce billet les sentiments de l’équipe scientifique mauricienne à la fin de la mission Monaco Indian Ocean Explorations ; une occasion exceptionnelle de renforcer les capacités dans les différentes disciplines de l’océanographie et d’explorer davantage la zone peu connue de Saya de Malha.
Le point de vue des Mauriciens
En tant que scientifiques mauriciens, cette expédition nous a offert une occasion exceptionnelle de renforcer nos capacités dans les différentes disciplines de l’océanographie et d’explorer davantage cette région reculée de Saya de Malha. En étant sur un navire de recherche tel que le S.A. Agulhas II, nous, en tant que jeunes scientifiques, avons acquis une formation pratique dans la manipulation et le fonctionnement des instruments océanographiques, la collecte de données et d’échantillons de qualité ainsi que le traitement et l’analyse de ces données.
Nous avons également travaillé en étroite collaboration avec des scientifiques internationaux dans le cadre de travaux de recherche portant sur le profilage physiochimique, la bathymétrie, le profilage du fond marin, les courants, les échantillonnages de la faune et de la flore et les observations des mammifères marins et des oiseaux. En outre, deux expériences, la première impliquant les activités photosynthétiques des plantes marines (phytoplancton, algues et herbes marines) et des invertébrés symbiotiques marins (coraux durs, gorgones, palourdes géantes) et la seconde, la tolérance thermique de ces organismes au réchauffement global induit par le changement climatique, ont été menées pour la première fois à bord d’un navire par des scientifiques mauriciens.
D’une manière générale, même si nous travaillions par quarts de 12 heures et que certains d’entre nous manquaient de sommeil, l’expédition Monaco Explorations dans l’océan Indien restera dans les mémoires pour la synergie et la coopération que tous les participants ont développées en travaillant pour atteindre leurs objectifs.
Le sentiment de camaraderie entre les participants et l’équipage a contribué à rendre les heures de travail plus courtes et plus agréables. De plus, une main secourable était toujours disponible pour aider à réaliser les diverses tâches scientifiques. Les couchers de soleil à bord du S.A. Agulhas II n’avaient d’égal que les millions d’étoiles observées la nuit et les artistes à bord ont su donner une dimension supplémentaire au travail effectué par les scientifiques. C’est avec tristesse que les participants ont dit adieu à leurs amis ainsi qu’à l’endroit qu’ils ont appelé leur maison pendant trois semaines, et plus pour d’autres.
Cependant, beaucoup de travail reste à faire et l’analyse des données et des spécimens collectés est attendue avec impatience. Dans l’ensemble, cette expédition restera longtemps dans la mémoire des participants mauriciens et est de bon augure pour la communauté scientifique travaillant sur l’océan Indien.
Docteur en géophysique marine.
Directeur Unité d’exploration des hydrocarbures / minéraux.
Département du plateau continental, de l’administration et de l’exploration des zones maritimes.
Bureau du Premier Ministre, île Maurice.
Coordinateur des différents projets scientifiques sur le Banc de Saya de Malha pendant la mission océan Indien des Explorations de Monaco, Francis Marsac, représentant de l’IRD aux Seychelles, halieute et océanographe, fait un premier bilan des opérations effectuées sur le terrain. Trois semaines intenses et de nombreuses satisfactions à chaud, y compris sur le plan humain, avec de beaux prolongements et résultats en perspective.
Clap de fin
Le Banc de Saya de Malha est déjà loin derrière le sillage du S.A Agulhas II… La campagne s’est achevée à l’Ile Maurice le 22 novembre, les laboratoires ont été vidés de leurs équipements amenés spécialement pour ce projet. Appareils de mesures, engins de pêche et spécimens collectés ont été remisés dans le conteneur et dans des caisses qui seront débarqués à Cape Town, destination finale du périple des Explorations de Monaco entamé le 3 octobre, avant de rejoindre les laboratoires français. Grand silence à bord qui succède à l’agitation passée sur le pont, aux bruits des treuils, aux allées venues des uns et des autres, aux portes qui s’ouvrent et se ferment… La ruche est déserte, blues de fin de campagne !
Que restera-t-il de notre passage sur cette mer peu profonde plantée au milieu de l’océan ? A peine quelques traces de nos engins trainants, qui seront vite estompées par les courants qui remodèlent les sédiments sans relâche. En revanche, une magnifique moisson de specimens des communautés benthiques, récoltée sur à peine 60 000 m² répartis en cinq secteurs, le long d’un trajet de 1600 milles marins sur le banc de Saya de Malha.
De quoi parle-t-on au juste ? De 300 à 400 espèces de mollusques, environ 300 espèces de crustacés et une centaine d’espèces d’algues ramenées à bord, triées et examinées à la loupe binoculaire par nos experts du Museum National d’Histoire Naturelle. Déjà, trois spécimens de gastéropodes et un crustacé sont considérés comme des espèces nouvelles, c’est-à-dire, non encore décrites par les taxonomistes. Deux espèces emblématiques, un gastéropode, Conus primus, et le bénitier Tridacna rosewaterii, ont été « re-découvertes » sur Saya de Malha. Le potentiel de découverte d’autres espèces endémiques, voire nouvelles, parmi nos collections est important, signale le professeur Philippe Bouchet, malacologiste de renommée internationale, membre de l’expédition. Ce qui va occuper les spécialistes pendant les cinq années à venir compte tenu de l’ampleur de cette récolte. A suivre de très près
Des giga-octets de données numériques de paramètres physico-chimiques et biologiques mesurés par la bathysonde dans la colonne d’eau ont été engrangées sur les ordinateurs. Ce sont aussi de longues heures de séquences vidéo filmées par le ROV durant ses sept plongées, et d’images prises par différentes caméras mouillées sur le fond qui restent à traiter, de quoi alimenter des sujets de recherche pour nos jeunes chercheurs de la région. Ces informations de choix sur les propriétés de la colonne d’eau et les habitats visités, donnent du contexte à l’inventaire floristique et faunistique précédemment décrit.
On peut se complaire de ce premier bilan scientifique à chaud. Pour autant, la première richesse de l’expédition est d’ordre humain. L’équipe scientifique était formée de scientifiques originaires des Seychelles (dont des étudiants), de l’Ile Maurice, de France, d’Afrique du Sud et d’Espagne. Un « melting pot » de nationalités et de compétences qui a fonctionné à merveille. Une fusion intergénérationnelle d’échanges, d’interaction, d’entraide, d’intérêts qui s’est mise en place après seulement quelques jours d’apprentissage des uns et des autres.
A mon sens, l’expédition des Explorations de Monaco a contribué largement au renforcement des échanges entre scientifiques Seychellois et Mauriciens. Ils se connaissaient peu, ils ont maintenant une motivation affirmée de développer des projets en commun. « A quand la prochaine campagne ? », se sont-ils exclamés au moment de quitter le navire.
Le cadre de la zone de gestion conjointe de Saya de Malha s’y prête parfaitement, car Seychelles et Maurice ont chacun développé une feuille de route de leur Economie Bleue et veulent œuvrer ensemble à l’utilisation raisonnée et durable des ressources de Saya de Malha. Cela ne peut se faire que sur des bases scientifiques. Je suis convaincu que cette envie de travailler ensemble n’est pas un « one shot ».
Elle se poursuivra dans un cadre plus large, incluant des formations et de futurs projets à co-construire avec les scientifiques de l’expédition extérieurs à la région.
Francis Marsac
Administrateur Représentant de l’IRD aux Seychelles, Halieute et océanographe, coordinateur des opérations scientifiques menées sur Saya de Malha pendant la deuxième partie de la mission océan Indien des Explorations de Monaco.